23 juin 2020

Dual power - révolution 1917

La révolution russe


Ma dernière expérience d'une œuvre culturelle sur la révolution d'octobre, ce n'est pas Nathalie qui en parlait en phrases sobres, mais le film d'Eisenstein vu en 1998. 
Un film de 3h en noir et blanc, muet et sous titré, dans lequel les protagonistes s'invectivent à grand coup de "vendu ! traitre ! Bolchevik ! "
Et notamment une scène interminable d'un cheval mort sur un pont mobile qui se lève. Le pont, pas le cheval ; je vous dis qu'il est mort le cheval. Et on ne sait pas si le cheval va tomber ou pas et surtout quand va-t-il tomber. Une scène qui donne tout son sens aux paroles de la chanson de Johnny "Quand mon corps sur ton corps, lourd comme un cheval mort"

Mais on n'est pas là pour parler cinéma et chanson, mais pour parler jeu.

Le jeu...

Une édition très bien produite. l'ambiance dès la couverture rappelle les affiches de propagandes de la période de la Russie du début du XXème siècle.Des pions et de tuiles bien épaisses permettent une manipulation agréable du jeu.

On retrouve les grands noms de la révolution russe et dans un souci d'instruction historique une carte avec la bio des personnages que l'on va pouvoir jouer. 

Le jeu est un jeu de majorité, dans lequel les actions sont guidées par des cartes.

La pression liée au nombre d'actions limité est constante, on a le sentiment qu'il manque toujours une action. Actions qui nous permettent d'envahir le plateau en essayant de ne pas faire deviner son objectif secret.

On a donc 4 actions par tour, pour être majoritaire sur 3 des 6 zones du plateau. Donc niveau bluff c'est pas fou non plus. Quand on a si peu d'actions le bluff n'est pas très intense, d'autant plus quand l’adversaire te sort un petit Lénine de derrière les fagots en fin de tour pour récupérer la "volonté du peuple" et faire basculer la partie.

La "volonté du peuple" parlons-en ! La maîtrise de ce paramètre est vraiment hasardeuse on ne sait pas si on arrivera à la récupérer ou si on ne va pas se la faire voler. Et pourtant la puissance du peuple est un atout de poids, car il apporte le soutien des unités neutres et en plus départage les égalités (trop puissant ???)

En gros il y a une tuile neutre sur chaque case si on met chacun un pion par tour, celui qui à la faveur du neutre est donc facilement en supériorité numérique. Et il est malgré tout difficile de s'assurer une majorité incontestable dans une zone.

Alors je dis que c'est hasardeux car même si on veut compter on est dépendant d'une main de carte, et des cartes de l’adversaire, on peut même sans le vouloir, par ce qu'on veut exécuter une action particulière amener le curseur assez proche pour que l'adversaire reprenne la "volonté du peuple".
Sans compter qu'il y a aussi sur la piste des cases qui permettent d'obtenir une action supplémentaire, mais n'essayez pas de viser cette case car cela relève plus de la chance que du calcul pour tomber dessus.

Après c'est surement un défaut de la mécanique, on a une main de cartes et on doit gérer avec. Mais on a l'impression d’à peine pouvoir infléchir le cours des majorités.
Je n'ai pas trop joué à des jeux du genre "card driven", ce ne sont pas mes préférés, mais c'est une mécanique classique dans les jeux de guerre.

Est-ce que l'on se sent faire la révolution ? Pas vraiment, on se sent faire la guerre pour des territoires, mais la révolution j'espérais un autre feeling. Le jeu se veut asymétrique mais au final on fait quand même la même chose, c'est juste les valeurs des pions qui diffèrent.

On ne sent pas le soulèvement du peuple quand on joue et c'est un peu dommage.



Un mode solo...


Un mode solo dans un jeu sorti ces dernières années ne veut dire qu'une chose : Kickstarter
(je pourrais revenir sur ce point si vous me le demandez en commentaire)

un mode solo que l'on joue contre un robot reprend le système de majorité sauf que l'IA ajoute toujours plus d'unités à chaque tour. Ce qui prouve bien qu'en fait on peut jouer sans réfléchir au jeu en duo, puisque c'est ce que l'IA fait et elle peut gagner.

Dans ce mode-là, la révolution est encore moins sensible, on a plutôt la sensation de se battre contre une horde de zombies (l'IA ajoute une unité de plus que le joueur par tour et bénéficie automatiquement de la "volonté du peuple" )

Mais en l'écrivant je me dis que cette sensation de marée humaine qui nous submerge c'est un peu plus, le sentiment d'une révolution mais uniquement si on joue le pouvoir en place.

Au final...

Au final le jeu n'est pas mauvais, il tourne bien si on ne se prend pas la tête à calculer  l'ensemble des probabilités en fonction des cartes déjà sorties et à sortir.
Le thème de la révolution russe a le mérite de changer des affrontements plus guerriers.

Le jeu ne révolutionne aucun principe (smiley clin d’œil) le fait de donner un ordre avec une carte, le fait d'être majoritaire sur une zone ; c'est du déjà vu, mais le thème peut vous faire craquer (si votre passion du communisme va jusque dans les jeux).

Personnellement je vais le garder, je n'ai pas de jeu de card-driven dans ma ludothèque et j'aime bien les jeux de placement/ majorité (même si ce jeu a un gros défaut pour un jeu avec  cette mécanique : IL N'Y A PAS DE MOUTONS) le jeu n'est pas trop long




Dual power Revolution 1917
Auteur :Brett Myers
éditeur :Thunderworks Games
2 joueurs (variante solo)
Durée : 30min
à partir de 13ans




















1 commentaire:

RustineMan a dit…

Camarade DD,

Le Politburo te félicite. A quand un dossier "Jeux de plateau et communimse" ?